Mergim Vojvoda de retour à la maison liégeoise : “Ce n’est pas une revanche”
- Publié le 05-07-2019 à 08h05
- Mis à jour le 05-07-2019 à 09h06
De retour "à la maison", Mergim Vojvoda veut franchir un cap avec les Rouches. Portrait d’un bosseur au parcours atypique. L’excitation se lit sur son visage. "Je suis de retour à la maison", lance Mergim Vojvoda dans un grand sourire, à la sortie de l’entraînement intense de jeudi matin, durant lequel il a été très appliqué.
"Mais je suis encore en train de récupérer de la saison passée, qui a été très longue. D’ici deux semaines, je pourrai dire que je suis fit", avoue le nouveau numéro 27 liégeois, qui a écourté ses vacances pour débuter la préparation estivale en même temps que ses équipiers. "J’avais envie de connaître tout le monde dès le début et de m’intégrer le plus vite possible. Je voulais aussi montrer au coach qu’il pouvait compter sur moi. Il m’a d’ailleurs dit que je pouvais prendre un entraînement de récup’ quand je voulais. Mais ça m’énerve de voir les autres travailler et pas moi."
Deux minutes d’interview suffisent pour comprendre qui est Mergim Vojvoda : c’est un bourreau de travail, dont le parcours de vie influe forcément sur ce trait de sa personnalité. "Je suis né en Allemagne mais durant la guerre du Kosovo, mes parents et moi avons été renvoyés au pays. Mon père a fait la guerre. J’ai quelques souvenirs mais ce sont surtout mes frères et mes sœurs qui m’ont raconté. On est resté un an là-bas, avant de venir en Belgique, où j’avais deux tantes."
À Liège, le jeune Mergim découvre le football. À Pierreuse, à Grivegnée puis à Maastricht. Avant de rejoindre le Standard où il se voit offrir un contrat pro. "Le jour de mes 18 ans", se souvient-il. "C’était l’un des plus beaux jours de ma vie."
La suite est un peu moins rose. Prêté à Saint-Trond, Vojvoda n’y joue quasiment pas. "À mon retour, la promesse qui m’avait été faite, celle d’intégrer le noyau A du Standard, n’a pas été tenue vu mon manque de temps de jeu. J’ai donc choisi d’être prêté à nouveau car je ne voulais pas rester en U21 comme un petit poussin et perdre du temps. Je voulais avoir de l’expérience."
Cette expérience, Roland Dûchalet lui propose d’aller la chercher à Carl Zeiss Jéna, en D4 allemande. Là où d’autres ont refusé la proposition, Vojvoda l’accepte, malgré des conditions tout sauf évidentes. "Je n’avais pas d’argent, je vivais loin de chez moi, dans un appartement de quatre mètres sur quatre, et je ne parlais pas allemand. Ce n’était pas évident." Mais le défenseur peut compter sur le soutien de son frère, qui parle allemand, et vient le soutenir dès qu’il peut. Et footballistiquement, les choses se mettent en place. "On jouait devant 6 000 personnes et en Coupe d’Allemagne, j’ai même joué devant plus de 20 000 personnes. C’était la première fois que je voyais ça. J’ai joué tous les matchs."
Ce qui n’a pas échappé à Mouscron, qui le recrute en juillet 2016. "Lors de ma première interview, j’avais dit que je voulais jouer 25 matchs. Le journaliste s’est moqué de moi. J’en ai finalement joué 27."
Au Canonnier, Vojvoda progresse sous les ordres de Bernd Storck et devient même international kosovar. "J’ai un belge, un albanais et un kosovar", précise celui qui est très attaché à ses racines. "J’avais joué en U21 avec l’Albanie mais il était clair, pour moi, que dès que le Kosovo serait reconnu par la Fifa, je jouerais pour mon pays." Ce qu’il a fait à 19 reprises, étant élu homme du match face au Danemark et à Malte en Ligue des nations ces derniers mois. "Et on est à deux matchs d’une qualification pour l’Euro."
Qu’il pourrait savourer en temps que joueur du Standard, où il vient de revenir par la grande porte, trois ans après avoir quitté le club principautaire. "Mais ce n’est pas une revanche, disons simplement que j’ai pris le temps de grandir ailleurs", précise-t-il. "J’ai toujours gardé le Standard dans un coin de ma tête. J’ai été en contact avec Reims et Gand mais je voulais revenir ici car je suis Liégeois et j’ai ce rêve : jouer dans le stade de Sclessin. Le club n’a donc pas dû me convaincre beaucoup pour que je revienne. Maintenant, je veux mouiller le maillot et prouver que je peux franchir un cap avec le meilleur club de Belgique. J’ai des choses à prouver et je suis prêt à tout donner pour réaliser de grandes choses."
Avec le sourire, évidemment.